Il y a un endroit pas très loin de chez moi où les ogres peuvent venir se ressourcer. Où l'on mange comme un ogre, où l'on s'empiffre dans le sens gargantuesque et romantique du terme. C'est à l'auberge la Bicheronne, quelque part dans une campagne du Beaujolais que l'on quitte en trainant les pieds, le ventre lourd et les papilles hallucinées.
Tout commence par une salade vite oubliée.
Vient le saucisson briochée, car à la Bicheronne, on transgresse avant de s'engraisser. Suit la poularde crémée. Que dis-je ? La crème poulardée, d'une blancheur cassée par la graisse cuite, et où perle des gouttes d'huile d'olive. Et pour ne pas trop brusquer nos bouches raffinées, l'ogre dans son antre nous a concocté un merveilleux gratin dauphinois... baigné de crème et de fromage fondu.
Nous allons de temps à autre visiter le coin, fumer une cigarette, attendre que les paons fassent la roue et que la taupe sorte de son trou.
Notre belle table n'est plus, les convives sont affalés et les plats échoués ici et là, à moitié pleins, nous démontrent en ce bel instant que nous avons tous, sans exceptions, les yeux plus gros que le ventre.
Qu'importe. La serveuse, la discrète, nous assène avec grâce un "Combien de fromages blancs ? Avec ou sans crème ?". Elle veut nous voir mourir de gourmandise. L'ogre doit nous épier et se régaler au moins autant que nous.
Nous mangeons, stupéfaits, zieutant sur les tables voisines, en extase devant le dessert qui nous attend : une monstrueuse omelette norvégienne et ses flammes infernales. Nous sommes à bout, mais nous mangeons, car nous sommes faibles et que la raison nous échappe parfois. Les omelettes arrivent, terribles et somptueuses. Je me dis naïvement qu'une demi part me suffira, juste pour goûter. Quel abruti je fais... quand je découvre le cœur de glace au gout de vanille, je ne me retiens plus, j'en reprends même trois fois.
La journée fut superbe, le lendemain le fut moins. J'ai vidé mes entrailles. C'est ce qui arrive quand on se prend pour un ogre.
Vient le saucisson briochée, car à la Bicheronne, on transgresse avant de s'engraisser. Suit la poularde crémée. Que dis-je ? La crème poulardée, d'une blancheur cassée par la graisse cuite, et où perle des gouttes d'huile d'olive. Et pour ne pas trop brusquer nos bouches raffinées, l'ogre dans son antre nous a concocté un merveilleux gratin dauphinois... baigné de crème et de fromage fondu.
Nous allons de temps à autre visiter le coin, fumer une cigarette, attendre que les paons fassent la roue et que la taupe sorte de son trou.
Notre belle table n'est plus, les convives sont affalés et les plats échoués ici et là, à moitié pleins, nous démontrent en ce bel instant que nous avons tous, sans exceptions, les yeux plus gros que le ventre.
Qu'importe. La serveuse, la discrète, nous assène avec grâce un "Combien de fromages blancs ? Avec ou sans crème ?". Elle veut nous voir mourir de gourmandise. L'ogre doit nous épier et se régaler au moins autant que nous.
Nous mangeons, stupéfaits, zieutant sur les tables voisines, en extase devant le dessert qui nous attend : une monstrueuse omelette norvégienne et ses flammes infernales. Nous sommes à bout, mais nous mangeons, car nous sommes faibles et que la raison nous échappe parfois. Les omelettes arrivent, terribles et somptueuses. Je me dis naïvement qu'une demi part me suffira, juste pour goûter. Quel abruti je fais... quand je découvre le cœur de glace au gout de vanille, je ne me retiens plus, j'en reprends même trois fois.
La journée fut superbe, le lendemain le fut moins. J'ai vidé mes entrailles. C'est ce qui arrive quand on se prend pour un ogre.