samedi 28 avril 2007



Un peu de roots musik et de paroles hallucinées.

Publié par icare à 15:39
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... et pourquoi cette idée me tue.


Prologue
L'enjeu est grand, il est immense même, et sans doute plus immense que l'inné lui-même, cet inné qui, selon Nicolas Sarkozy, occuperait une grande part de notre identité. L'enjeu est immense car il remet tout en cause, il fonde le jugement que l'on se fait d'autrui et le sort qu'on lui réserve, ainsi que le jugement que l'on se fait de soi même, et l'existence que l'on se projette. Il fonde la subjectivité, la substance pensante de Descartes. Il délimite le Moi et le Ça et le Surmoi de Freud, c'est à dire, le conscient, l'inconscient et le préconscient, qui sont une partie du sujet construit pendant l'enfance et la petite enfance. Il est l'enjeu même de l'éthique, la question sur laquelle se fonde la société. Que faire, que construire, si notre inné ne nous donne ni vie en communauté, ni paix, ni institutions ? Quelle place prend l'inné dans l'homme ? C'est sur cette question que repose la culture et la société, car ce que l'inné ne nous donne pas, la culture devra le construire. La réponse est peut-être simple, peut-être complexe, la réalité est qu'au cours de l'Histoire, cette réponse a marqué les différences de culture, cette réponse à fait l'Histoire des sociétés. Ma première observation sera de parcourir les différentes réponses apportées en tout temps à cette question primordiale ; ma seconde sera de juger, objectivement, ce qui est considéré comme étant valable scientifiquement ou non.

Socrate avait écrit sur le fronton de Delphes, "Connais toi toi-même", autrement dit, demande toi sans cesse qui tu es et ce qui te fait ainsi. S'ensuit Platon, qui fonde la pensée occidentale, laquelle n'est, selon Pascal, qu'annotations de son oeuvre. Naturellement (même si ce terme est à éviter dans un tel sujet), les pensées socratiques et platoniciennes ont traité du sujet, car ils entendaient créer la société modèle, et toute société se fonde sur l'idée quelle se fait de la nature et de l'inné. Sur un plan politique, la Cité idéale est composée de plusieurs corps professionnels, et un geôlier naîtra geôlier pour le rester toute sa vie. Mais Platon précise que c'est la société dans laquelle il naîtra qui lui donnera sa place. Chez Platon, l'homme est un animal social (ce qui ne signifie pas libre). L'homme naît avec ce besoin de société, qui lui donne sa place à tenir et l'existence qu'il aura à mener. Ainsi, Platon échappe au débat réel. Aristote le suivra sur cette idée, affirmant que l'homme est un animal politique et que la Cité est la seule chose naturelle, sur laquelle va peu à peu se construire la culture. La pensée antique émet donc comme hypothèse que l'inné nous apporte la société, la vie en communauté, en plus des facultés innées similaires à celles de l'animal, qui sont les instincts nécessaires à la survie. Sur cette base de société est ensuite fondée la morale. Pour exemple, et dans le cadre du sujet, l'homosexualité était immorale lorsqu'elle se pratiquait entre deux hommes du même âge. En revanche elle était une institution morale et bien vue lorsqu'elle se pratiquait entre un homme âgé (l'éraste), et un jeune homme en pleine puberté (l'éromène). Aujourd'hui, Kant et Freud sont les principaux protagonistes de la morale occidentale, ajoutée à une tradition judéo-chrétienne antérieure. L'acte énoncé précédemment, qui tenait lieu d'institution et de norme dans l'Antiquité, est aujourd'hui perçu comme immoral dés lors qu'il vise un individu "incomplet", qui n'est pas encore un sujet pensant et libre.

(N.B. : je veux continuer mon raisonnement, même si j'ai l'impression, sans prétention, que par un simple bilan historique, par une preuve par deux, le problème soulevé aujourd'hui est réglé. Ou bien... les Grecs étaient tous victimes d'une sorte d'épidémie pédophile qui les attirait vers les jeunes garçons malgré eux, auquel cas ils se sont sentis obligé de rendre ça "moral", c'est imaginable, mais un peu réac'. Le sujet de l'inné n'est pas traité et il ne le sera sûrement jamais entièrement, mais sur l'orientation sexuelle, j'estime que la réponse est apportée. Elle est un autre débat, qui est un débat MORAL/IMMORAL, et non pas un débat INNE/ACQUIS, lequel consiste en une réponse trop simple et en même temps trop difficile à ébranler, car, comme tu l'as dit, le gène humain est pour l'instant loin d'être élucidé. Je ne juge pas (si) grave que l'homosexualité soit considérée comme immorale, car la morale évolue et a toujours évoluée. Je juge GRAVE qu'elle soit traité sur le plan de la nature et de la culture. Car une telle vision la fixe, la stigmatise, et peut être la cause d'une erreur de l'Histoire, de la même manière que le fait de naître juif a été stigmatisé comme étant une imperfection de la naissance, et de la même manière qu'une erreur de l'Histoire a été causée. Juger la chose sur un tel plan, c'est refuser l'argument opposé. Kant jugeait l'homosexualité comme un vice moral, Freud comme la cause de telle ou telle construction diverse de l'étape anale de l'enfant, mais d'aucun ne l'a traité, comme on le fait aujourd'hui, comme un "vice de forme".
Après cette longue parenthèse, je continue sur le vrai sujet : quelle est la part de l'acquis?)

Après les penseurs antiques, l'Humanisme fait surface, certains diront que ce fut à la suite d'un long trou noir dans l'Histoire de la pensée, d'autres diront simplement que les pensées du Moyen-Age ont été assimilées avec le temps. Montaigne, dans son oeuvre, va décrire l'Homme sous toutes ses coutures, estimant qu'il ne peut être transformé. Il a pour idée que l'inné prend une place prépondérante dans l'existence de l'individu, et que par conséquent, rien d'autre n'est utile que de l'observer, pour mieux le comprendre. Plus tard, Hobbes, Locke et Rousseau, fondateurs du contrat social, vont un à un énumérer ce qui, pour eux, est inné en l'Homme. Pour le premier, l'Homme est un homme de guerre, la société est là pour le stabiliser. Pour Locke, l'Homme est par nature un être paisible, en raison d'une morale innée. Pour Rousseau enfin, l'Homme a en lui le sentiment inné qu'il doit se conserver, et qu'il ne peut faire de mal à un semblable, et c'est la société qui, par la suite, le corrompt. Aucun d'entre eux n'apporte une réponse à la question centrale, ils émettent tous un raisonnement qu'ils prétendent cartésien, mais affirment eux-mêmes que ce raisonnement ce base sur l'idée qu'ils se font de l'innée. Ces éléments vont permettre de fonder une morale, et c'est ce qu'entreprendra Kant sur la base des travaux de Rousseau. Nietzsche, à l'opposé de Kant, postule que le surhomme est celui qui saura se démarquer d'une morale avilissante. Mais le fondement, à cet époque, reste hypothétique. Ces philosophes parviennent à conceptualiser la construction politique de l'Homme, mais ne percent pas, par manque de méthodologie scientifique, la construction de l'Individu.

Il faudra la fin du XVIIIème et l'avènement de la psychanalyse et de la psychologie pour que des réflexions sérieuses sur le sujet fassent surface. Condorcet dira :"Il n'y a entre les deux sexes et les individus aucune différence qui ne soit l'ouvrage de l'éducation". Freud fait de l'étude de la construction de l'Individu son sujet principal. Par des méthodes scientifiques, il émet un certain nombre d'hypothèse et divise en trois parties le psychisme humain. Le Moi est la conscience claire, le Ça l'inconscient fait de pulsions, et le Surmoi l'intériorisation des interdits parentaux. Toutes ces étapes se construisent de la naissance à la fin de la puberté, même si certaines étapes persistent par la suite, comme, selon lui, l'attachement oedipien. Freud désacralise l'inné, en rattachant chaque élément de l'existence adulte à un fait vécu pendant l'enfance. Ainsi, la jeune fille violée par son père émettra des réticences envers toute forme d'autorité, etc... Les éléments rassemblés par Freud apportent une réponse à la question posée, mais il n'en donne pas LES réponses, car par la suite, le freudisme va s'atteler à une tâche plus vaste, celle d'universaliser cette construction de l'individu, sur des faits empiriques (comme l'interprétation des rêves), et par conséquent erronés (voir philo épistémologique). C'est en cela qu'il va être critiquer, notamment par Alain ou Sarte, qui l'accusent d'aller contre l'éthique en diffusant des mythes dangereux, encore visible aujourd'hui. Cette analyse de l'individu ne se fait pas entendre sans que soient émis des réticences et des réactions. Les idéologies totalitaires, et notamment la pensée nazie, tentent de rétablir en l'Homme une norme, une métaphysique transcendantale opposée à l'idée que l'homme puisse se construire par son existence et par sa culture. Apparaît alors une vision qualitative de l'inné, certains en étant pourvus, d'autres dépourvus. L'homme aryen (reprise des théories du surhomme de Nietzsche) a en lui, de manière innée, la supériorité sur d'autres sujets, lesquels sont, dés leur naissance, handicapés ou sous-hommes. Les philosophies d'après-guerre répondent de manière virulente à cette "erreur de l'Histoire". Sartre, notamment, se fait le porte-parole de l'existentialisme, et veut que le Je se fasse sur l'expérience quotidienne. Il n'est, selon Sartre, nul inné qui oblige l'homme à vivre de telle ou telle manière, et à se découvrir par une introspection pascalienne. C'est le vécu et l'expérience qui forment l'individu, et lui donnent sa liberté de choisir qui il est. C'est l'inversion du postulat cartésien qui devient "je suis, donc je pense", et qui veut que l'homme soit maître de sa conscience et de ce qu'il est.

Aujourd'hui, la génétique nous permet de valider ou non certaines des hypothèses. La pensée de Sartre se veut une pensée de la liberté, une pensée de l'esprit et de la morale, mais ne se veut pas, comme celle de Freud, une pensée épistémologique du psychique. Les scientifiques s'accordent à joindre à la part d'inné tout ce qui concerne les maladies de la naissances, bien qu'une partie soit due à l'état de santé du parent (la cigarette, l'alcool, la malnutrition, etc...). Certains enfants naissent avec les aléas génétiques qui veulent qu'un pourcentage d'enfant soit atteint de tel handicap. D'autres éléments, ceux qui sont qualifiés de besoins vitaux, sont également innés, et ne sont pas apportés par la culture. Un enfant pourra également naître corpulent, fort, faible, etc... Tous les éléments physiologiques et neurologiques sont variables et pour la plupart, ils sont génétiquement explicables. Le vrai débat se situe sur d'autres éléments : l'intelligence, l'orientation sexuelle, l'idée du beau, du laid, de naître mauvais, bon, dangereux, pédophile, etc... Que disent les généticiens sur ces sujets ? Le CNRS confirme que l'acquis prédomine sur l'inné. Son étude "s'est intéressée à des enfants adoptés entre quatre et six ans par des familles de milieu socio-économique bien supérieur à celui de leurs origines. Cinq à dix ans plus tard, leur quotient intellectuel s'était nettement élevé, malgré des retards d'acquisition du langage plus difficiles à compenser". L'orientation sexuelle est à placer du côté de la morale. L'étude comportementale des animaux démontre que certaines espèces pratiquent l'homosexualité. En effet, les scientifiques expliquent que le cerveau humain garde des traces du cerveau reptilien, responsable des besoins fondamentaux, dont le besoin sexuel fait parti. Cet aspect est ce qui constitue l'inné chez l'homme, ce qui concerne l'orientation sexuelle est due à la culture, et avant tout à la construction du Je au cours de l'enfance. Les premières sociétés n'avaient pas d'intérêt à prôner l'homosexualité, elles préféraient prôner le rapt de femmes, garant de la survie du groupe. Les "déviances" sexuelles, telles que la pédophilie, sont dues à un déséquilibre durant cette construction du Je. Elles deviennent, par la suite, des pathologies, similaires à la névrose, et qui ne sont donc pas transmissibles génétiquement. Par conséquent, un pédophile ayant un enfant élevé dés sa naissance par une famille d'un niveau socio-culturel élevé ou équilibré ne verra pas son enfant risquer la même pathologie. En matière de sexualité, un autre débat s'ouvre. Des individus n'ayant pas acquis un inconscient les attirant vers le sexe opposé ou similaire peuvent développer différents types de sexualité : la zoophilie, l'urophilie, la scatophilie. S'agit-il de déviances ? Ces comportements sont souvent considérés comme immoraux, bien que le droit ne les condamne pas, en ce qu'ils n'empiètent pas sur la liberté d'autrui. Naît-on bons, ou mauvais ? Ces débats sont de l'ordre de la religion, et ils n'ont plus de légitimité dans les démocraties modernes et laïques.

Epilogue
Quelle est la part de l'inné ? Qu'avons nous, à la naissance ? Aristote nous dit : l'homme est un animal politique, et d'autres nous dirons qu'il est un animal social, rationnel, métaphysique, un animal doué de langage, etc... Il est tout cela réuni. L'homme est doté de la faculté de penser. De cette faculté, il créera un langage, une communauté, une pensée rationnelle, une âme, des désirs. N. Sarkozy a raison. La part de l'inné est immense en l'Homme, car cette faculté de penser sera la base de tous ses maux. Sa jeune vie en société le confiera a un père exclu du système social et économique cherchant ses ressources dans l'alcool et dans la violence et dans un besoin sexuel reptilien qu'il tentera d'évacuer sur son fils comme ultime signe d'abandon lequel fils se verra victime mais sans doute coupable envers son père qui restera dans son inconscient un modèle à suivre et fera de lui un pédophile invétéré. Tout cela parce que l'homme pense. Alors oui, la part de l'inné est immense. C'est notre prix à payer.

Publié par icare à 01:47
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